VIE DU FOYER
TÉMOIGNAGE
AMIDUF N°405
mai - juin - 2023
Les repas du mercredi au service des accueilli.e.s
Le beau témoignage de Sœur Marie-Jo Dupuis, bénévole, sur ces moments forts de partages et d’entraides. Les restrictions sanitaires, pendant et après confinement, sont derrière nous, et la vie des repas du mercredi a repris. Comme d’habitude.
JMB. D’après Sœur Marie-Jo Dupuis
Arrivée à Paris et cherchant un engagement dans le quartier, je trouve une association qui veut bien me recevoir : « Le Foyer de Grenelle », proche de la rue Violet, où je reste. Mon premier contact se fait avec le Pasteur Christophe [Verrey] qui me présente le Foyer, un lieu d’accueil et d’éducation populaire mais aussi un lieu d’échanges et de ressourcement spirituel. Il me propose de participer aux Repas du mercredi.
Un moment fort. Avec le temps de préparation partagé, accueilli.e.s/ bénévoles, le Repas du mercredi est convivial. Il peut être un temps de détente, un temps de partage entre les bénévoles et les personnes accueillies, en cherchant toujours le respect mutuel. Je ne participe pas aux repas proprement dits, mais je sais que c’est aussi un moment fort, pour les personnes accueillies comme pour les bénévoles. Je n’ai pas oublié mon premier mercredi, avec l’accueil de Jean-Michel, responsable de l’activité, et celui des bénévoles et des accueilli.e.s. Beaucoup d’animation. Quelques-un.e.s travaillent vraiment, d’autres parlent beaucoup, vont chercher un café dans la pièce d’à côté où se préparent soupes, entrées, plat du jour.
Chaque mercredi après-midi, nous nous retrouvons en grand nombre dans une bonne ambiance même si c’est quelquefois difficile du fait de conflits entre accueilli.e.s, jusqu’à la violence parfois. De belles entraides. Un jour, nous préparions les desserts. Une jeune femme africaine arrive, son bébé de dix jours dans les bras. Après quelques jours à l’hôtel, elle se trouve à la rue. Elia, une accueillie mexicaine, lui propose de la recevoir chez elle en attendant qu’elle trouve un hébergement. Huit jours après, la dame est partie, sans rien dire à Elia. « Je l’ai hébergée de bon cœur, je n’avais pas à connaître sa situation. Elle était libre d’aller retrouver qui elle voulait »
Jean-Michel, Suzanne et Kim
J’étais dans l’action de grâce pour cette attitude de désintéressement et de discrétion. Elia savait, par expérience, qu’il est difficile de dire pourquoi on se trouve à la rue, dans un autre pays que le sien et avec un bébé dans les bras. Comme la veuve de l’Évangile, Elia avait donné ce qu’elle avait pour vivre.
Des partages. Tout en préparant les desserts, j’ai davantage connu Henri. Toujours ponctuel, il aimait travailler avec moi. Au-delà de son éternel imperméable « à la Colombo » qu’il gardait pour travailler, il avait une certaine distinction et je percevais sa bonne éducation et sa culture. Je sentais cependant une souffrance qu’il n’exprimait jamais malgré une réelle proximité entre nous. En juin, nous avons appris qu’Henri avait été retrouvé mort chez lui. Toute l’équipe présente ce jour-là a fait mémoire d’Henri.
Le confinement. Pendant cette période si particulière, la plupart des activités ont été supprimées, comme le Repas du mercredi. Alors, chacun essaye de joindre les personnes accueillies pour ne pas les laisser seules. L’une d’elles déclare : « on tient le coup, dehors on n’aura peut-être pas le virus ! » Une autre : « un policier m’a demandé ce que je faisais dehors alors qu’il était plus de 19 h. La rue, c’est là que j’habite, ai-je répondu ! »
Entre bénévoles aussi, par téléphone, mails, visioconférences… se manifestent l’amitié, le soutien, des « prends soin de toi » et aussi des pensées pour les personnes accueillies : « trouventelles de quoi manger ? »
Cette période difficile passée, nous sommes ému.e.s quand les personnes accueillies nous disent : « merci d’être là avec nous et pour nous… Vous ne nous avez pas laissé tomber pendant le confinement. Nous aspirons à la reprise des repas pour nous retrouver ensemble pour les « Repas du mercredi ».
C’est une belle aventure, avec le Seigneur et toute l’équipe du Foyer, que je vis dans cet engagement. Nous sommes différents mais une même force nous anime, la foi en Dieu, la foi en l’être humain. Nous donnons et nous recevons. Oui, je suis heureuse, et dans l’action de grâce, de vivre des vraies fraternité et solidarité au service des personnes accueillies.
Chaque mercredi après-midi, nous nous retrouvons en grand nombre dans une bonne ambiance même si c’est quelquefois difficile du fait de conflits entre accueilli.e.s, jusqu’à la violence parfois. De belles entraides. Un jour, nous préparions les desserts. Une jeune femme africaine arrive, son bébé de dix jours dans les bras. Après quelques jours à l’hôtel, elle se trouve à la rue. Elia, une accueillie mexicaine, lui propose de la recevoir chez elle en attendant qu’elle trouve un hébergement. Huit jours après, la dame est partie, sans rien dire à Elia. « Je l’ai hébergée de bon cœur, je n’avais pas à connaître sa situation. Elle était libre d’aller retrouver qui elle voulait »
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